Le dernier rapport de l'ESVAC confirme la tendance continue de l'Europe au déclin des antibiotiques.

Les derniers chiffres de l'ESVAC (la Surveillance Européenne de la Consommation d'Antimicrobiens Vétérinaires) soulignent le succès des principes d'utilisation responsable.

Le projet ESVAC a été lancé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) en 2010 pour établir une collecte et un rapport harmonisés de données sur l'utilisation d'agents antimicrobiens chez les animaux dans les pays européens. Le dernier rapport - sa 11e itération - englobe deux années de données de ventes (2019 et 2020).

L'ESVAC dispose désormais de plus d'une décennie de données et a indiqué une baisse globale des ventes d'antimicrobiens à des fins de santé animale de 43,2 % de 2011 à 2020. Cela inclut une baisse importante dans certains pays où les ventes étaient les plus élevées. Le rapport confirme la tendance à la réduction de l'utilisation d'antibiotiques chez les animaux producteurs d'aliments en Europe, notée dans les précédentes conclusions de l'ESVAC.

Fait interpellant, on a constaté une augmentation de 6 % des ventes de 2019 à 2020 parmi les 25 pays qui ont fourni des contributions pour toute la période 2011-2020. L'EMA a suggéré que "des données pour les années à venir sont nécessaires pour mieux comprendre cette observation".

Les dernières données de l'ESVAC ont montré une baisse continue des ventes d'antibiotiques vétérinaires considérés comme médicalement importants pour la médecine humaine, représentant seulement 6 % des ventes totales en 2020. Elles ont mis en évidence une baisse de 32,8 % pour les céphalosporines de troisième et quatrième générations depuis 2011, une baisse de 76,5 % pour les polymyxines, de 12,8 % pour les fluoroquinolones et de 85,4 % pour les autres quinolones.

Le rapport utilise une unité de correction de population (PCU) comme approximation de la taille de la population d'animaux producteurs d'aliments (y compris tous les chevaux). En 2020, les plus grandes quantités en proportion du total mg/PCU, étaient représentées par les pénicillines (31,1%), les tétracyclines (26,7%) et les sulfamides (9,9%). Le rapport indique que 2019 et 2020 sont les premières années « au cours desquelles la proportion des ventes représentées par les pénicillines est supérieure à celle des tétracyclines ». 

Les pays qui ont enregistré une augmentation des ventes d'antimicrobiens vétérinaires - en termes de mg/PCU - depuis que leurs données ont été collectées dans le cadre de l'ESVAC sont la Bulgarie, la Grèce, la Pologne et la Slovaquie. À l'opposé, la France, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont divisé leurs ventes de plus de moitié. 

Les nouvelles réglementations européennes relatives aux médicaments vétérinaires et aux aliments médicamenteux, qui s'appliqueront à partir de début 2022, apporteront un soutien supplémentaire à l'utilisation responsable des antibiotiques chez les animaux. Ces mesures comprennent l'interdiction de l'utilisation préventive d'antibiotiques dans les groupes d'animaux et l'utilisation préventive d'antimicrobiens dans les aliments médicamenteux. En vertu du règlement (UE) 2019/6, la déclaration des données de vente et d'utilisation des antimicrobiens vétérinaires deviendra une obligation légale pour les États membres de l'UE à partir de 2023.

L’EMA et AnimalhealthEurope se félicitent de ces résultats. 

Ivo Claassen, responsable de la division des médicaments vétérinaires de l'EMA, a déclaré : « La baisse des ventes d'antimicrobiens à usage animal sur 10 ans montre que les initiatives politiques de l'UE combinées à des orientations et des campagnes nationales promouvant une utilisation prudente des antimicrobiens chez les animaux ont un effet positif. "

AnimalhealthEurope a déclaré que les dernières conclusions de l'ESVAC démontrent clairement "les résultats mesurables de nombreuses années de sensibilisation et de formation sur l'utilisation responsable des antibiotiques. Cela soutient la reconnaissance croissante que le secteur animal européen a fait de solides progrès".

Roxane Feller, secrétaire générale d'AnimalhealthEurope, a déclaré : « C'est le résultat de plus d'une décennie d'efforts pour accroître la prévention des maladies et améliorer la gestion de la santé animale grâce à de meilleures pratiques d'hygiène, des mesures de biosécurité, l'utilisation de vaccins et la nutrition. Toute variation entre les États membres dans les résultats du rapport doit maintenant être analysée de manière globale. À l'avenir, nous devons en savoir plus que les quantités d'antibiotiques utilisées pour les animaux. Nous devons comprendre pourquoi ils sont utilisés, pour quelles infections ils sont nécessaires et ce que nous pouvons faire davantage pour réduire le besoin. »

« Nous nous félicitons vivement des mesures supplémentaires prises pour favoriser un examen plus approfondi de l'utilisation des antibiotiques vétérinaires en Europe avec les nouvelles règles de l'UE sur les médicaments vétérinaires entrant en vigueur en janvier 2022, qui stipulent que les volumes de vente doivent être déclarés par espèce animale et par produit antimicrobien. Cela aidera à mieux comprendre quelles interventions pourraient être faites pour réduire davantage le besoin d'utiliser des antibiotiques chez les animaux. »

À la suite d'une mise à jour du protocole ESVAC en 2021, des mises à jour historiques des facteurs de conversion ont été apportées à toutes les données précédemment déclarées. Les pays ont soumis des données 2020 conformément au protocole ESVAC mis à jour. Les nouvelles données historiques sont affichées dans les graphiques ci-dessous.