YouTube encourage-t-il le commerce d'animaux de compagnie exotiques ?

Le fait que les interactions avec les animaux sauvages et leur maintien en captivité soient perçus comme quelque chose de positif, à la fois pour les animaux et pour les humains, est quelque chose de très dangereux.

Une étude menée par l'Université d'Adélaïde (Australie) a analysé la réponse du public aux vidéos de YouTube les plus populaires impliquant des animaux sauvages et exotiques.

Le but de l'étude était, d'une part, d'explorer la perception du public des chats sauvages exotiques et de diverses espèces de primates dans les vidéos de YouTube les plus populaires et, d’autre part, d'étudier les variations de cette perception dans le temps, l'état de conservation et l'interaction avec d'autres espèces.

346 vidéos comptant plus d'1 million de visites, publiées entre 2006 et 2019, où des félins sauvages et différentes espèces de primates sont apparus, ont été analysées. Parmi les félins, les espèces qui apparaissaient le plus dans les vidéos étaient les tigres, les lions et les guépards. Quant aux primates, les protagonistes étaient les vervets, les singes capucins et les macaques. De plus, 90 % des vidéos sélectionnées pour l'étude montraient des interactions entre les animaux sauvages et les humains et dans 18% des cas, il y avait des interactions entre des animaux sauvages et d'autres espèces d'animaux domestiques, dans la plupart des cas avec des chiens.

Dans les vidéos, deux situations étaient généralement opposées : il y avait soit des éléments d'agressivité ou de peur envers les animaux, ce qui provoquait des réactions négatives dans le public, soit des situations où les animaux étaient apparemment calmes et sans peur. Lorsqu'il n'y avait aucun élément d'agression ou de peur dans la vidéo, c'est-à-dire que ces animaux étaient utilisés pour un divertissement individuel ou parce que leurs propriétaires les traitaient comme s'ils étaient leur « animal de compagnie », les sentiments les plus courants des personnes qui ont vu la vidéo étaient positifs. Le public considérait ces interactions directes entre les animaux sauvages et les humains comme bénéfiques. 

Le fait que les interactions avec les animaux sauvages et leur détention en captivité soient perçus comme quelque chose de positif, à la fois pour les animaux et pour les humains, est quelque chose de très dangereux.

D’une part, ces réactions suggèrent que le public est très mal informé sur les besoins et le bien-être des espèces sauvages et d'autre part, la détention de ces animaux en captivité comme "animaux de compagnie" se normalise, ce qui se traduit directement par une augmentation du commerce de ces espèces, avec toutes les conséquences négatives que cela entraîne pour l'animal et son habitat. Enfin, à travers ces vidéos, le risque de transmission d'une maladie de l'animal à l'homme (zoonose), qui peut entraîner un risque pour la santé publique, est nié. 

Tant la désinformation que le danger de la détention de ces animaux comme animaux de compagnie, ainsi que les risques de zoonoses, soulignent l'urgence de faire connaître l'origine et les caractéristiques des différentes espèces d'animaux sauvages et les conséquences de leur maintien en captivité.

Enfin, les auteurs de l'article proposent la mise en œuvre et le développement d'intelligences artificielles, telles que le logiciel Wildbook, grâce auxquelles le public peut être automatiquement informé de différentes questions telles que l'état de conservation ou le commerce illégal d'animaux. L'objectif est que le public puisse avoir toutes les informations nécessaires sur les protagonistes des vidéos et ainsi prendre des décisions plus conscientes avant de liker ces vidéos incitent au commerce d'animaux sauvages.