Les affections de la prostate chez le chien sont beaucoup plus fréquentes que ce que l’on pourrait croire.

Des troubles de la prostate se développent régulièrement même chez les chiens asymptomatiques. Pour cette raison, des techniques de diagnostic précoces sont nécessaires.

L'augmentation de l'espérance de vie des animaux, ainsi que les améliorations des outils vétérinaires, ont augmenté la découverte de certains processus pathologiques, auparavant peu fréquents. En ce sens, certains troubles ont une prévalence particulière et semblent être sous-diagnostiqués.

Dans une étude épidémiologique récente, analysant rétrospectivement les évaluations échographiques de routine de 1 003 chiens examinés, quelle que soit la raison de la visite vétérinaire, 47,5% des chiens ont montré au moins un signe prostatique anormal. De plus, la prévalence est plus élevée chez les chiens à espérance de vie longue que chez les sujets à espérance de vie courte, calculée en fonction de leur race.

Parmi les anomalies prostatiques les plus fréquentes, l'hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est la plus fréquemment représentée, avec une prévalence comprise entre 46 % et 55,3 % des patients. Elle est suivie des prostatites aiguës et chroniques, avec une prévalence de 28 % à 38,5 %. Le néoplasie prostatique est plus rare (2,6% -3,5%), mais elle est fréquemment maligne et généralement fatale.

Ces données montrent que les anomalies de la prostate chez le chien sont très fréquentes et la possibilité de les diagnostiquer grâce à la disponibilité de nouveaux outils, permet d'identifier un nombre croissant de cas.

DIAGNOSTIC PRECOCE DES ALTERATIONS PROSTATIQUES

La prévalence particulière des troubles de la prostate chez le chien a conduit à un intérêt important en médecine vétérinaire pour le diagnostic précoce de ces troubles, étant donné la plus grande attention que les propriétaires accordent à la santé de leurs animaux de compagnie, ainsi que l'augmentation de la disponibilité médicale des outils diagnostiques et thérapeutiques.

Parmi les outils de diagnostic, l'estérase spécifique de la prostate canine (CPSE) dans le sérum a été reconnue comme un biomarqueur valide et spécifique pour les troubles de la prostate canine car sa teneur est plus élevée dans le sérum des chiens affectés par différents troubles de la prostate tels que l'hyperplasie prostatique bénigne, la prostatite bactérienne et le cancer de la prostate.

Dans des conditions physiologiques, la CPSE est sécrétée dans la lumière des canaux prostatiques et reste principalement dans la prostate. En revanche, lorsque la prostate est perturbée, des protéines d'origine prostatique, comme la CPSE, peuvent se retrouver dans le sang. 

Par conséquent, la quantification de la CPSE dans le sérum représente un nouvel outil de diagnostic et de détection. L'étude des CPSE en pratique clinique quotidienne a plusieurs objectifs, comme le diagnostic de l'hyperplasie bénigne de la prostate, ou le dépistage préventif des troubles de la prostate chez le chien sain.

De même, elle est également intéressante lors du suivi médical des sujets présentant des troubles de la prostate pendant et après le traitement médical.

Speed™ CPSE est un test rapide quantitatif qui permet l'analyse de la CPSE circulante en analysant la fluorescence induite par laser.

FIABILITÉ DES BIOMARQUEURS 

Pour vérifier l'efficacité de la technique, une étude a été réalisée où les résultats de l'échographie ont été comparés aux analyses CPSE.

Chez près de 60 % des sujets inclus dans l'étude, bien qu'asymptomatiques, l'examen échographique a montré des modifications de la prostate (altération de l'écho-structure et/ou des marges, et/ou présence de kystes). De plus, le volume réel de la prostate chez ces sujets était au moins 1,5 fois plus élevé que prévu.

Cette observation a été confirmée chez les sujets avec une prostate normale chez lesquels la valeur CPSE était statistiquement plus faible que chez les sujets malades. Ainsi, il est possible de réaliser un dépistage préventif des troubles de la prostate, ce qui permet d'identifier précocement les sujets, encore asymptomatiques, qui ont besoin de plus d'investigations diagnostiques ou d'un suivi plus rapproché. Par conséquent, à cet effet, il a été suggéré de fixer la valeur seuil à 50 ng/ml pour identifier les chiens qui présentent généralement des modifications échographiques de la prostate et un rapport entre le volume prostatique réel et attendu supérieur à 1,5. 

PROGRAMMES DE PRÉVENTION CHEZ LES CHIENS GÉRIATRIQUES

L'application de programmes de dépistage de routine pour la santé de la prostate chez les chiens pourrait aider à comprendre la véritable prévalence des maladies de la prostate. En particulier, un dépistage prostatique non invasif serait souhaitable, notamment dans le cadre d'un programme de médecine préventive des maladies gériatriques chez le chien.

Les vétérinaires doivent informer les propriétaires des effets possibles du vieillissement sur la prostate canine.

La recherche sur la gestion et le traitement corrects des maladies de la prostate chez le chien est toujours en cours, mais la disponibilité actuelle de différents traitements médicaux met en évidence la nécessité de développer des programmes de dépistage pour diagnostiquer précocement ces types de conditions.