Journée de printemps de la SAVAB-Flanders 2014 : PRO-skin and ANTI-biotics

Plusieurs fois par an, la SAVAB-Flanders organise une formation continue et choisit toujours à cet effet un programme de haute qualité. Qui plus est, l’équipe de la SAVAB-Flanders a du flair pour dénicher des endroits hors du commun, comme le Zebrastraat Project à Gand où s’est tenu un peu plus tôt cette année le Congrès de la SAVAB-Flanders. Pour la présente journée de formation cependant, nous étions attendus au Centre de Congrès Elzenveld à Anvers, un centre de congrès au bagage historique unique puisqu’il fut l’ancien hospice d’Anvers, avec son couvent. L’ensemble de ce complexe a été rénové pour créer une structure polyvalente disposant de possibilités d’hébergement. Il n’était donc pas question d’un auditoire stérile dans un bâtiment à l’architecture banale mais bien d’un endroit plein de style, de caractère et d’histoire.

Le sujet de cette Journée de printemps ne pouvait pas avoir été mieux choisi. En effet, la résistance aux antibiotiques et la politique en matière d’antibiotiques sont des sujets brûlants d’actualité dans le monde entier, tant en médecine humaine que vétérinaire. L’objectif de la SAVAB-Flanders est de placer la barre le plus haut possible, notamment au niveau des conférenciers, et nous avons été vraiment gâtés sur ce plan puisque nul autre que le Professeur David Lloyd du RVC est venu partager ses connaissances avec nous. David Lloyd, BvetMed, PhD, FRCVS, DipECVD est l’un des dermatologues vétérinaires les plus renommés dans le monde. Son intérêt se porte sur les infections cutanées et les réactions immunitaires chez les animaux domestiques, et ses recherches sont principalement axées sur la colonisation, la transmission et la pathogénie des infections à staphylocoques de manière générale et à staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM) en particulier. David est une sommité dans le domaine de l’antibiorésistance, et l’hygiène et la désinfection dans la pratique vétérinaire sont des sujets qui lui tiennent à coeur. Il est donc capable comme personne de passionner son auditoire pour cette matière.

Dans son premier exposé de la journée, le professeur Lloyd s’est attardé sur l’utilisation responsable des antibiotiques, une nécessité absolue vu l’énorme augmentation du nombre d’infections avec des germes multirésistants. Il a d’ailleurs pointé un doigt accusateur en notre direction car une récente étude en Grande- Bretagne a démontré qu’une grande majorité des cabinets vétérinaires ne disposaient pas de protocole pratique pour une utilisation correcte des antibiotiques. De plus, il s’avère que pour un quart des antibiotiques prescrits par les vétérinaires, les posologies utilisées sont incorrectes et que des antibiotiques non destinés à une utilisation chez l’animal sont également régulièrement utilisés. Une utilisation à la fois rationnelle ET correcte des antibiotiques, en combinaison avec un traitement approprié des éventuelles causes sous-jacentes, est essentielle dans la lutte contre l’antibiorésistance.

Le deuxième exposé de la journée abordait les infections nosocomiales. Les infections nosocomiales sont des infections contractées lors d’un séjour au cabinet ou en clinique. De telles infections peuvent être relativement bénignes mais parfois aussi potentiellement fatales, surtout lorsqu’il est question d’une contamination par des bactéries multirésistantes. Quelques sources fréquentes de contamination souvent négligées sont les ordinateurs et les claviers, les poignées de porte, les interrupteurs, les robinets, les tables d’examen et les stéthoscopes mais aussi les machines à café, les distributeurs de snacks et de boissons, les stylos et les GSM. Un autre facteur de risque de contraction d’une infection nosocomiale est une utilisation non judicieuse d’antibiotiques dans les trente jours précédant l’infection. Une bonne hygiène générale et une utilisation responsable des antibiotiques constituent dès lors des facteurs importants dans la lutte contre ces « infections hospitalières » mais le facteur fondamental dans la lutte contre les infections nosocomiales reste l’hygiène radicale et incontournable des mains en toutes circonstances.

Dans la lutte contre l’antibiorésistance, un élément crucial est la pose d’un diagnostic correct. Cet aspect faisait l’objet du troisième exposé du professeur Lloyd. Ce dernier nous a rappelé qu’un diagnostic correct est obtenu en combinant une anamnèse détaillée à un examen clinique approfondi et structuré. Ceci permet, à l’aide d’une liste de diagnostics différentiels, d’élaborer une démarche diagnostique utilisant uniquement des examens diagnostiques pertinents avec des échantillons appropriés. Seul un diagnostic correct peut mener à un plan de traitement adéquat.

De toute évidence, ce plan de traitement ne doit pas toujours reposer sur une utilisation systémique des antibiotiques, comme l’a montré le professeur Lloyd dans son dernier exposé de la journée consacré à l’importance d’un bon traitement local, associé ou non à un traitement systémique. Les propos du professeur Lloyd n’étaient pas révolutionnaires ni novateurs puisqu’il nous a surtout exposé des choses qu’en tant que vétérinaires nous devrions déjà tous connaître depuis bien longtemps mais que, pour une raison ou l’autre, nous n’appliquons pas au cabinet. Il nous a cependant convaincus de l’importance d’effectuer quelques ajustements de notre mode de travail quotidien, lesquels peuvent avoir un impact très positif dans la lutte contre l’antibiorésistance. « Mission accomplie » je dirais.

Auteur: Philip Martens